Ecoles de samba : les gardiens de la tradition de la dance bresilienne au carnaval

Les écoles de samba représentent l'âme du carnaval brésilien, où se mêlent histoire, culture populaire et expression artistique. Ces organisations communautaires transforment chaque année les rues de Rio en un spectacle grandiose qui attire des spectateurs du monde entier. Plongeons dans l'univers fascinant de ces gardiens de la tradition de la danse brésilienne.

L'origine des écoles de samba

La samba, rythme emblématique du Brésil, a donné naissance à un phénomène culturel unique: les écoles de samba. Ces organisations sont aujourd'hui indissociables du carnaval brésilien, mais leur histoire commence modestement dans les quartiers populaires de Rio de Janeiro au début du 20ème siècle.

Naissance dans les favelas de Rio

Les premières écoles de samba ont vu le jour dans les favelas de Rio durant les années 1920. Elles trouvent leurs racines dans l'héritage africain apporté par les anciens esclaves qui avaient adapté le carnaval européen en y intégrant leur musique traditionnelle, le Semba d'Angola. Cette fusion culturelle a progressivement remplacé les danses européennes comme la polka et la valse. La première école officiellement reconnue, Deixa Falar (Laisse Parler), fut fondée en 1928, rapidement suivie par d'autres comme Mangueira et Portela qui existent encore aujourd'hui. Ces organisations naissantes étaient avant tout des lieux d'expression pour les populations marginalisées, leur permettant de préserver leurs traditions tout en créant un espace de fierté communautaire.

Évolution au fil des décennies

Au fil du temps, les écoles de samba ont grandi en taille et en organisation. Dans les années 1930, le gouvernement brésilien a commencé à reconnaître leur importance culturelle, intégrant officiellement leurs défilés dans les festivités du carnaval. Les décennies suivantes ont vu la transformation de ces groupes informels en véritables institutions. Des installations modernes pour la création des chars et des costumes ont été développées, notamment avec l'avènement de la Samba City, véritable quartier général pour plusieurs écoles. La construction du Sambadrome en 1984, conçu par l'architecte Oscar Niemeyer, a marqué une étape majeure dans cette évolution, offrant un lieu permanent pour les défilés compétitifs. Aujourd'hui, les écoles sont classées en différentes divisions hiérarchisées, du prestigieux Groupe Spécial aux séries inférieures, chacune aspirant à monter dans le classement.

Les grandes écoles de samba mythiques du Brésil

Au cœur de la culture brésilienne, les écoles de samba incarnent l'âme vibrante du carnaval. Ces organisations ne sont pas de simples groupes de danse, mais de véritables institutions qui préservent l'héritage africain intégré à la tradition carnavalesque européenne. Nées au début du 20e siècle, ces écoles sont devenues les gardiennes d'un art populaire qui fait rayonner le Brésil à travers le monde, notamment lors du spectaculaire défilé au Sambadrome de Rio de Janeiro.

Portraits des écoles légendaires: Mangueira, Portela et Beija-Flor

Mangueira, fondée en 1928, se distingue par ses couleurs emblématiques vert et rose. Cette école historique, l'une des plus anciennes du Brésil, possède une base de supporters fidèles et passionnés. Son nom vient de la colline de Mangueira, quartier populaire de Rio où elle a vu le jour. Sa réputation s'est construite sur une identité forte et des défilés qui célèbrent l'authenticité de la culture brésilienne.

Portela, créée en 1923, arbore fièrement le bleu et blanc. Avec plus de 20 titres à son palmarès, elle détient le record de victoires au carnaval de Rio. Son symbole, l'aigle, représente la majesté et la puissance. L'école se distingue par sa bateria (section de percussions) réputée et ses défilés élégants qui respectent profondément les traditions de la samba.

Beija-Flor de Nilópolis, fondée en 1948, a remporté 14 titres avec ses couleurs bleu et blanc. Son nom signifie « colibri » en portugais, symbole de beauté et d'agilité. Cette école est connue pour ses costumes somptueux, ses chars spectaculaires et ses reines de samba charismatiques. Située dans la banlieue de Rio, Beija-Flor s'est imposée comme une référence pour ses défilés grandioses et ses thèmes socialement engagés.

Le rôle social des écoles dans les communautés brésiliennes

Les écoles de samba vont bien au-delà du simple divertissement; elles jouent un rôle social fondamental dans les communautés brésiliennes. Elles rassemblent des habitants de tous les quartiers, y compris des favelas, créant ainsi un sentiment d'appartenance et de fierté collective. Dans ces espaces, les différences sociales s'estompent au profit d'une passion commune.

Ces organisations promeuvent activement la culture brésilienne et soutiennent les communautés défavorisées à travers divers programmes sociaux. Leurs quadras (quartiers généraux) fonctionnent comme des centres communautaires où sont proposés des cours, des activités culturelles et sportives pour les jeunes. Les Mirins, sections infantiles des écoles, initient les enfants aux traditions de la samba dès leur plus jeune âge.

À travers leurs thèmes annuels, souvent politiques ou sociaux, les écoles de samba donnent une voix aux préoccupations des communautés marginalisées. Le Carnaval devient ainsi un espace d'expression et de revendication. La fabrication des costumes et des chars génère également de nombreux emplois temporaires, contribuant à l'économie locale. Véritables piliers culturels, ces écoles perpétuent un savoir-faire artisanal unique tout en créant du lien social dans des zones parfois marquées par la précarité.

Le Sambadrome, temple de la danse carnavalesque

Le Sambadrome de Rio de Janeiro représente le cœur battant du carnaval brésilien. Inauguré le 1er août 1984, ce monument emblématique a été conçu par le célèbre architecte Oscar Niemeyer. Véritable sanctuaire de la samba, il accueille chaque année les parades spectaculaires des écoles de samba qui font la renommée mondiale du carnaval de Rio. Ces écoles, ancrées dans les quartiers et les favelas, perpétuent un héritage culturel africain datant du 18ème siècle, transformant l'événement en une célébration vibrante où la danse, la musique et les costumes éclatants fusionnent dans une explosion de créativité.

Architecture et fonctionnement du lieu mythique

Le Sambadrome, avec sa structure imposante, constitue un chef-d'œuvre architectural adapté aux besoins spécifiques des défilés carnavalesques. Son avenue principale, appelée «Passarela do Samba» (Passerelle de la Samba), s'étend sur 700 mètres et est bordée de gradins pouvant accueillir environ 90 000 spectateurs. La piste est suffisamment large pour permettre le passage des immenses chars allégoriques et des milliers de danseurs qui composent chaque école de samba. Les tribunes sont divisées en secteurs, offrant différentes options de prix et de visibilité pour les spectateurs. Le complexe comprend aussi la «Praça da Apoteose» (Place de l'Apothéose), un espace circulaire marquant la fin du parcours, symbolisant le point culminant de la parade. Tout au long de l'année, ce lieu sert aux répétitions des écoles de samba, notamment les répétitions générales qui se déroulent gratuitement les week-ends précédant le carnaval, sans chars ni costumes complets.

Le déroulement des défilés et système de notation

Les défilés au Sambadrome suivent un protocole rigoureux régi par les Ligues des écoles de samba. Chaque école dispose d'un temps limité (généralement entre 65 et 82 minutes) pour présenter son spectacle. Le défilé s'articule autour d'un thème annuel (enredo) que l'école développe à travers sa musique, ses costumes et ses chars. Les éléments fondamentaux incluent la Bateria (section de percussions), les Passistas (danseurs de samba virtuoses), le couple Mestre-Sala et Porta-Bandeira (porteurs du drapeau de l'école), les Baianas (femmes âgées en robes traditionnelles) et la Velha Guarda (gardiens des traditions). Un jury évalue chaque école selon dix critères précis : l'harmonie, la batterie, le couple porte-drapeau, le thème, les costumes, les chars allégoriques, l'évolution, la samba-enredo (chanson thématique), la commission d'ouverture et l'impression générale. Les notes, attribuées par des juges répartis le long du parcours, déterminent le classement final. Les compétitions sont organisées par groupes hiérarchisés, le Groupe Spécial regroupant les douze meilleures écoles comme Mangueira, Portela (plus de 20 victoires), Beija-Flor (14 titres) ou Salgueiro. La tension est palpable lors de ces défilés car l'école classée dernière est reléguée dans un groupe inférieur, tandis que la première du groupe d'accès monte dans le Groupe Spécial pour l'année suivante.